175 salariés travaillent chaque jour en moyenne au Technocentre, dont une majorité de prestataires envoyés au front alors que scientifiques et gouvernement appellent à faire à « faire bloc » face à la propagation du coronavirus. SUD vous propose de faire un tour des secteurs toujours en activité...

Selon la direction, 175 salariés travailleraient en moyenne chaque jour sur le site. En effet, le Technocentre n’est pas qu’un site tertiaire où tout le monde peut télétravailler et les projets se poursuivre sans essais réels. Le site compte de nombreux ateliers où sont montés des prototypes, et réalisés les essais et les validations des futurs véhicules de la gamme. Et la direction de l’Ingénierie, comme celle du Design, de la Mécanique ou de la Fabrication, comptent bien que les projets continuent d’avancer malgré la menace du coronavirus. C’est même leur priorité, même s’il faut pour cela mettre en danger les salariés.

Les prestataires en première ligne

• Pénélope  : Il a fallu attendre que deux salariés, qui gèrent les appels faits au 11800, tombent malade avec une suspicion de coronavirus, et l’intervention d’élus SUD Renault, pour que le reste de l’équipe soit mis en quatorzaine ce mercredi.

• COFELY : Des techniciens sont présents sur site, que ce soit en maintenance process et bâtiment, ou pour piloter la Centrale où le travail se fait en cinq équipes de 3 personnes 24h/24 et 7j/7. Certains ont reçu tardivement des gants. Mais ils n’ont souvent pas d’autres produits (désinfectant, masque, gel…).

• PEI : Une dizaine de salariés sont présents sur site et assurent la désinfection des sanitaires, et le réapprovisionnement des produits et des lingettes. A ce jour, Renault n’a pas demandé de fournir des masques. La centaine d’autres salariés présents habituellement au Technocentre a été mis au chômage partiel.

• Vestalia, Docapost : Une dizaine de salariés continuent à réceptionner et à livrer la marchandise dans le Technocentre. Le reste des salariés a été mis soit en congés, soit au chômage partiel.

• Agence informatique : L’agence de la Ruche reste ouverte malgré le confinement. Deux salariés assurent une permanence.

• Samsic : Les agents de sécurité continuent de sécuriser le site, jour et nuit, comme le week-end.

• Atelier MQP11 : Une vingtaine de salariés de Safran, Altran ou Expleo (ex-Assystem) continuent les validations dans la zone des PIE (Plate-forme d’Intégration Electronique). Un salarié de Segula est en arrêt avec suspicion de Coronavirus. Mais selon la direction, ce salarié travaillait dans les étages et n’aurait pas été en contact avec ses collègues de l’atelier. A voir...

• Ateliers et labos Ruche 7B/9B : Il y a majoritairement des prestataires (Expeo, Serma...) sur les tests multimédia ou les bancs HIL... comme le reste de l’année.

Confinement à géométrie variable

Certains justificatifs de déplacement professionnel délivrés la semaine passée n’étaient pas valables. Des directions Métiers étaient tellement pressées de poursuivre l’activité malgré les consignes de confinement qu’elles n’ont pas attendu les formulaires officiels. Elles en ont réalisés de leur propre initiative. Résultat : des salariés ont été contrôlés lors de leurs déplacements et ont dû payer une amende car leur attestation n’était pas conforme.

A la DEA-T (Direction Engineering Alliance - Tests et Services, présente à Lardy, Guyancourt, Aubevoye, Villiers-Saint-Férédéric... ), 450 salariés sur 1800 ont reçu un justificatif de déplacement professionnel leur permettant de venir travailler, soit 25% des effectifs. Heureusement qu’on est censé être en période de confinement !

Par contre pour les élus du personnel, la direction a choisi le confinement maximum. Lors du CSE extrodinaire du 17 mars (voir « CSE extra : Le Technocentre et Aubevoye toujours ouverts malgré le coronavirus »), les élus SUD ont demandé que des justificatifs de déplacement professionnel permanent soient fournis aux élus CSE et aux Délégués Syndicaux qui le demandent, pour qu’ils puissent continuer à assurer leurs missions. La direction a donné son accord en séance, avant de se rétracter le lendemain. Elle a finalement concédé un seul justificatif par organisation syndicale et par site. C’est une limitation grave à l’exercice du droit syndical.

Des conditions de travail minimum

Les salariés Renault comme les prestataires n’ont pas tous les produits nécessaires, même si la situation s’est améliorée cette semaine suite au signalement d’un DGI par les élus SUD (voir « Danger Grave et Imminent au Technocentre et à Aubevoye »). Le désinfectant fourni par PEI est à base de Lufragerm dilué (norme 14476). Cependant la dotation de produits virucides laisse à désirer dans de nombreux secteurs. Certains se débrouillent en en ramenant de l’extérieur.

Les salariés n’ont pas de gel. Ils doivent se laver les mains dans les toilettes, donc ils se lavent moins souvent les mains. Les gels disposés devant les cantines ou aux accueils ont été pris par certaines équipes pour leur secteur, car ils n’en avaient pas.

Beaucoup de zones de travail sont non chauffées. Il fait parfois 13°C. D’un autre côté, les dépenses en énergie sont démesurées par rapport au nombre de salariés présents sur site.

Le service de Santé au Travail (SST) assure une permanence sur site, avec deux infirmières et un médecin. Mais on trouve de nombreux salariés en situation de travailleurs isolés, seul sur un plateau où dans un atelier toute la journée, sans dispositif de sécurité de type PTI (Protection Travailleur Isolé).

L’accès en transport en commun est compliqué. Certains bus s’arrêtent au rond-point Georges Besse (lignes 465 ou 467). Ce qui oblige à faire tout le tour du Technocentre pour entrer par le rond-point de la Ferme. Depuis quelques jours, le bus 39-12 qui vient de Versailles s’arrête devant le Golf national. C’est mieux qu’à la Gare Routière comme au début... Mais un arrêt de bus devant le PC4 ne serait pas de trop.

Question restauration, il n’y a rien de prévu sur site, contrairement à Aubevoye. Les salariés qui ne viennent pas en voiture et n’ont pas de gamelle doivent faire un grand détour pour aller se restaurer à Villaroy.

Mesures barrières

Le seul accès au Technocentre jusqu’à maintenant est celui du Golf, qui donne sur le rond-point de la Ferme et le PC4 (accès livraison). Un contrôle a été mis en place au début du confinement, avec barrière et agent de sécurité. Celui-ci notait le nom et le lieu de travail des salariés qui se présentaient. Mais cette mesure n’a pas duré, et l’accès est désormais libre. Il suffit d’avoir un badge valide pour passer ensuite les tourniquets, sans qu’on sache où le salarié se rend ensuite, s’il est isolé ou pas. Ne parlons pas de savoir s’il a ou pas des symptômes grippaux...

Pour les mesures barrières entre salariés par contre, la direction donne bien les consignes et n’est pas avare de morale envers les salariés. Mais il est bien difficile de garder toute la journée une distance d’au moins un mètre avec ses collègues, surtout lorsqu’on effectue un travail en équipe.

Le Technocentre doit suspendre ses activités sur site

Alors que de nombreux cas de suspicion de coronavirus se déclarent parmi les salariés du Technocentre et leurs proches, la direction de Renault continue de vouloir maintenir l’activité sur le site. Elle compte même l’augmenter, puisque le CRP (Centre de Réalisation des Prototypes) et le Design vont rouvrir, même si ce n’est que très partiellement.

Pourtant nombre de scientifiques le disent et le redisent : « Le confinement est actuellement la seule stratégie réellement opérationnelle  » (Avis du Conseil scientifique 23 mars 2020). « Concernant les activités professionnelles, seules doivent persister les activités strictement nécessaires à la vie de la Nation » (Avis du Conseil scientifique COVID-19 du 16 mars 2020).

Plus nous multiplions les sorties et les situations de contact, plus nous augmentons les risques. La priorité doit être donnée à la mise en sécurité des salariés, et à la lutte contre la propagation du coronavirus qui est en hausse et fait de plus en plus de victimes.

C’est pourquoi SUD continue d’exiger la fermeture du Technocentre, ainsi que celle du site d’Aubevoye.