Emplois et compétences : toujours moins

Dans le cadre des réunions préparatoires à son nouvel accord de compétitivité, la direction de Renault a abordé la « transformation des emplois et des compétences ». L’occasion de faire un bilan du plan de départ actuel et de préparer de nouvelles suppressions d’emplois dans l’Ingénierie-Tertiaire.

Après avoir annoncé ses « projets d’activité en France » (Industriel, Ingénierie et Fonctions Support), puis les « modalités organisationnelles de la transformation » de Renault (empreinte immobilière, temps de travail, transformations structurelles et juridiques du Groupe), la direction de Renault a commencé à dérouler son projet de « transformation des emplois et des compétences ».

2458 emplois supprimés en 2 ans

La direction a présenté aux délégués syndicaux centraux le résultat de ses « Observatoires des Métiers » les 19, 20 et 21 octobre 2021.

De fin 2019 à fin 2021, Renault sas a ainsi réduit ses effectifs indirects de 17700 à 15242 salariés. 2458 emplois ont donc été supprimés en 2 ans, dont 1424 dans le cadre de la Rupture Conventionnelle Collective (RCC) au lieu d’un objectif de 1900. C’est en fait une vague de démissions qui a permis d’atteindre l’objectif, dont de nombreux salariés non éligibles à la RCC (cases « bleues » des tableaux 9 cases) souvent plus jeunes et diplômés. Il n’y a donc pas de quoi se réjouir de cette hémorragie.

Pour l’établissement de Guyancourt/Aubevoye, il y a eu au total 686 départs dans le cadre de la Rupture Conventionnelle Collective.

	En cours		Adhésions
Cumul Fin Septembre	nombre de Contacts Esp CAR21	Nombre de salariés en parcours d’orientation	Adhésions	dont Retraite	Dont Emploi validé	Dont Création Entreprise	Dont CM Cré	Dont CM Reconversion	Dont CM recherche Emploi	Nombre de Refus
Total GUYANCOURT	1 612	303	686	71	248	90	96	92	89	11

Et ça continue...

Quant au nouveau plan de départ 2022/2024, il commence à se dessiner. La direction a d’abord défini les métiers qu’elle estime être en sureffectif (les « gris ») et ceux en tension (les « bleus »), aboutissant à la synthèse quantitative suivante.

Effectifs RSAS [1] + RSWL [2] par périmètre selon base effectif
Fonction Globale	Août 21	Visibilité Décembre 21	Volume de départ envisagé
Ingénierie (yc RSWL)	6206	5900	-1030
Ingénierie de Production	1882	1800	-244
IS IT& Digital	879	863	-70
Commerce & Marketing	839	864	-50
Finance	784	765	-35
Qualité	713	661	-65
Achats	663	640	-70
APV	550	518	-40
RH	412	403	-50
DISG	216	200	-24
Communication	154	150	-15
Autres [3]	1780	1708	0
Total général	15078	14472	-1693

A nous de dire « stop »

La direction annoncera aux délégués syndicaux centraux les modalités de ce nouveau plan de départs lors de trois nouvelles réunions les 4, 9, et 16 novembre 2021.

D’ores et déjà, la direction estime « que les différentes mesures de CAR21 ont dans l’ensemble permis d’atteindre les objectifs de transformation des compétences ». Il est donc « envisagé de gérer la suite de l’adaptation de l’emploi et des compétences par le biais de mesures comparables ».

Il est donc probable que Renault mette en place une nouvelle RCC (Rupture Conventionnelle Collective) et des DA (Dispense d’Activité). La direction pense-t-elle aussi à des externalisations ? Car rappelons que CAR21 a aussi été l’occasion pour Renault d’externaliser les salariés de la maintenance des moyens d’essai.

Pour SUD, ce nouveau plan de suppressions d’emplois dans l’Ingénierie/Tertiaire n’est pas plus acceptable que le précédent, d’autant plus que Renault recourt massivement à des aides publiques : prêts garantis par l’Etat, chômage partiel, aides à l’achat de véhicules...

Alors que Luca De Meo nous promettait une « résurrection » dans le cadre de son plan stratégique « Renaulution », on assiste à une casse massive des emplois et des compétences. La « forteresse » promise Gilles Le Borgne pour l’Ingénierie est décidément un château de sable.

SUD appelle l’ensemble des salariés et des organisations syndicales à faire front et à refuser ce nouveau plan. Il s’agit au contraire de tout faire pour maintenir et renforcer les emplois et les compétences dans les sites d’Ingénierie actuels, à commencer par ceux de Guyancourt, d’Aubevoye, de Lardy et de Villiers-Saint-Frédéric.