Après plus de quarante jours de grève, les trois plus grands constructeurs automobiles des USA (Ford, Stellantis/Chrysler et GM) ont dû reculer face à un mouvement social inédit. Des accords ont été signés avec l’UAW qui doivent encore être validés par les syndiqués.

Ces accords prévoient une augmentation générale des salaires d’au moins 25% d’ici avril 2028. Avant la grève, le syndicat des travailleurs de l’automobile (United Auto Workers) demandait 40% d’augmentation, tandis que Ford campait sur 9%. L’augmentation sera finalement de 11 % dès la ratification des accords, puis suivront trois augmentations annuelles de 3 % et une augmentation finale de 5 % en 2028. Une indemnité inflation complétera cette augmentation, la portant à 30%.

Ces accords portent sur les nouveaux contrats de travail collectifs prévus pour durer quatre ans et demi. Ils doivent encore être validés par les 146 000 adhérents de l’UAW des trois entreprises.

C’est une victoire après quatre décennies de reculs pour les salariés de l’automobile.

Les grévistes ont aussi obtenu le droit d’appeler à la grève pour contester des décisions d’investissement de l’entreprise ou contre une fermeture d’usine. Auparavant, une telle grève aurait été considérée comme une rupture du contrat collectif passé entre l’UAW et le patronat. Les salariés des futures usines de fabrication de batteries électriques devront aussi bénéficier de ces accords.

Une grève bonne pour l’emploi. Stellantis s’est engagé à rouvrir l’usine de Belvidere dans l’Illinois fermée le 1er mars et à réembaucher ses 1 200 salariés. Stellantis doit également maintenir l’usine de moteurs de Trenton dans le Michigan qu’il envisageait de fermer, et développer celle de Toledo dans l’Ohio.

Les salariés des « Big Three » ont récupéré une partie des concessions que le patronat leur avait imposées en 2009 suite à la crise des subprimes. Le statut dérogatoire qui permet aux patrons de sous-payer les nouveaux embauchés est réduit de 8 à 3 ans. Le régime de retraite et les soins de santé des retraités des Big Three sont améliorés, mais reste encore moins avantageux pour les salariés embauchés après 2007.

A partir du 15 septembre 2023, 45 000 salariés des trois constructeurs, sur 146 000 syndiqués, ont été progressivement appelés par l’UAW à faire grève sur certains sites. Selon certains grévistes, une grève totale et plus active (pas juste avec quelques piquets de grève) aurait cependant permis d’obtenir plus.

La force de la grève. Ce qui a été gagné face à un patronat puissant montre la force des travailleurs quand ils se mobilisent collectivement. A nous de nous en inspirer : il n’y a pas de fatalité que ce soit sur la question des salaires, des conditions de travail ou de l’emploi. Se syndiquer, se mobiliser : ça paie.

Cette grève tire les salaires vers le haut. Toyota, qui emploie aux USA des salariés non syndiqués, vient d’annoncer une hausse de 9 %. Stellantis au Canada a cédé 25% d’augmentation sur 3 ans et une prime de 10 000 $ après quelques heures de grève.

Cette grève montre qu’on peut résister à la baisse du « cout du travail » qui se fait au détriment des salariés aux États-Unis… comme en France.