ACTUALITÉ Guyancourt-Aubevoye


16 février

NAO : des augmentations de salaire en-dessous de l’inflation

9 février

Elections CSE d’Ampere : des résultats en demi-teinte

6 février

Parlons salaires

30 janvier

Ampere : Votez pour les candidats SUD

25 janvier

CSE du 25 janvier 2024


23/01/24 - Flagrant délit de duplicité

9/01/24 - Des raisons de se porter candidat aux élections CSE d’Ampere

22/12/23 - Le licenciement d’un prestataire du Technocentre annulé

11/12/23 - Des quotas de notation à Renault

5/12/23 - Avoir ou pas la gueule de l’emploi

29/11/23 - Avenant passage cadre : un chantage à la signature illégal

9/11/23 - La grande foire aux emplois

27/10/23 - Convention collective de la Métallurgie : l’emploi en catalogue

12/10/23 - Activités sociales et culturelles : la grande tambouille

10/10/23 - Des salaires minima qui portent bien leur nom

10/10/23 - Pour eux les millions, pour nous l’inflation

3/10/23 - Manifestons le 13 octobre pour nos salaires !

27/09/23 - Des actions ou des augmentations de salaire ?

5/09/23 - Horse : le cheval dont Geely risque de prendre les rênes

5/09/23 - Ampere : quand le courant ne passe pas

15/06/23 - Socle social commun et premiers effets de bord

14/06/23 - Tous au pique-nique SUD !

30/05/23 - Réforme des retraites : Macron et Borne ne sont pas tirés d’affaire

26/05/23 - Droits des salariés Renault

3/05/23 - Le démantèlement de Renault en marche

27/04/23 - Des accidents du travail qui passent sous les radars

25/04/23 - Réforme des retraites : la mobilisation entre dans une nouvelle phase

11/04/23 - Tous en grève et en manif jeudi 13 avril

5/04/23 - Acquis sociaux : les grandes manœuvres

3/04/23 - Toutes et tous en grève jeudi 6 avril

3/04/23 - Des formations en-dessous des besoins réels

3/04/23 - Emploi et conditions de travail : un bilan 2022 négatif

3/04/23 - Activités sociales et culturelles : un budget électoraliste

21/03/23 - Manif du 23 mars : 14h Bastille

20/03/23 - 49.3 : l’aveu d’échec du gouvernement

17/03/23 - 49.3 raisons de se mobiliser

13/03/23 - Toutes et tous en grève mercredi 15 mars

28/02/23 - Toutes et tous en grève mardi 7 mars

26/02/23 - Une alliance CFE-CGC/CFDT contre le pluralisme syndical

14/02/23 - Le 16 février, on prend la Bastille !

6/02/23 - Le 7 février, soyons plus nombreux à manifester pour nos retraites

2/02/23 - Face à un tel rejet massif, le gouvernement doit retirer sa réforme des retraites

30/01/23 - Retraites : la réforme de trop

28/01/23 - Des augmentations de salaire en-dessous de l’inflation

23/01/23 - Retraites : Assemblée/débat le 26, grève et manif le 31 janvier

16/01/23 - Retraites : nous sommes tous concernés

13/01/23 - Tous en grève le 19 janvier pour nos retraites !

20/12/22 - Le pluralisme syndical est un sport de combat

19/12/22 - Economies de chauffage : la direction fait du zèle

16/12/22 - Vague de froid au Technocentre : ça va chauffer !

14/12/22 - SUD lance une alerte sur la température au Technocentre

14/12/22 - Froid de canard dans les ateliers et sur certains plateaux

7/12/22 - Des élus supplémentaires pour SUD au second tour

2/12/22 - CSE du 2 décembre : SUD vote contre le projet Ampere

29/11/22 - Ampere : La CFE-CGC et la CFDT s’opposent à une expertise

29/11/22 - Au second tour, votez SUD !

25/11/22 - BQSR Ampere (Beaucoup de Questions Sans Réponses)

23/11/22 - Résultats du 1er tour des élections CSE

19/11/22 - Que pensez-vous de la scission entre Power et Ampere ?

17/11/22 - Power/Ampere : les élus SUD de Guyancourt et Aubevoye demandent une expertise

13/11/22 - On sait ce qu’Ampere…

8/11/22 - Des voix pour SUD pour une autre voie

7/11/22 - Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur SUD (sans jamais oser le demander)

28/10/22 - CAR22 : moins de départs en RCC, plus de démissions et de risques psychosociaux

28/10/22 - CTC, congés d’été et 5ème semaine 2023

26/10/22 - Visionnez le débat sur la nouvelle convention collective de la Métallurgie

20/10/22 - Conférence/Débat sur la Nouvelle Convention Collective de la Métallurgie

17/10/22 - Pour nos salaires, c’est le moment de nous y mettre tous ensemble

15/10/22 - SUD une nouvelle fois en tête à Vestalia

12/10/22 - Halte au démantèlement de Renault

8/10/22 - Conférence/débat sur la nouvelle Convention Collective de la Métallurgie

4/10/22 - Pourquoi je me suis syndiqué à SUD

27/09/22 - Pour une augmentation générale des salaires

20/09/22 - Nos salaires doivent suivre l’inflation

13/09/22 - Appel à candidatures

21/07/22 - CAR22 : le baromètre est à la pluie

28/06/22 - Les effets pervers de l’Intéressement

24/06/22 - Une « ristourne CRAMIF » qui creuse le trou de la Sécu

14/06/22 - Un ingénieur de Renault dans le piège du Cristallin

7/06/22 - Victoire des salariés de PEI

24/05/22 - Les directions de Renault et de PEI choisissent l’épreuve de force

19/05/22 - Déclaration SUD sur la grève de PEI au CSE du 19 mai

29/04/22 - Suppressions d’emplois : un mauvais CAR d’heure

28/04/22 - Alerte sur l’état de santé des salariés du Technocentre et d’Aubevoye

15/04/22 - Non au démantèlement du Technocentre

8/04/22 - Visionnez le débat avec Danièle Linhart

31/03/22 - Un CSE sur la politique emploi et les conditions de travail

31/03/22 - Formation : effet d’annonce et réalité

24/03/22 - Conférence/débat avec Danièle Linhart

21/03/22 - Télétravail : gare aux pick-pockets

21/03/22 - Véhicule personnel et déplacement professionnel : le mélange des genres

8/03/22 - Vive la journée internationale de lutte pour les droits des femmes

24/02/22 - Bureaux partagés : « dura flex, sed lex »

24/02/22 - Qualiopi, la muse des subventions publiques

24/02/22 - Indemnité télétravail : la direction déclare forfait

18/02/22 - Intéressement Groupe 2021

13/02/22 - Tout augmente sauf nos salaires

10/02/22 - Les prestataires ont le droit de communiquer avec les syndicats de Renault

31/01/22 - Des ressources humaines en voie de déshumanisation

31/01/22 - CSE du 27 janvier 2022

18/01/22 - L’histoire d’un pool qui s’est fait plumer

18/01/22 - Le côté obscur du télétravail

18/01/22 - Renault condamné pour travail dissimulé

5/01/22 - Un Technocentre vendu à la découpe

30/11/21 - Allocation télétravail : les mesquineries de la direction

24/11/21 - Quand Renault peint l’avenir en gris

18/11/21 - Vers une suppression des Augmentations Générales de Salaire

29/10/21 - Quel avenir pour le Centre Technique d’Aubevoye ?

28/10/21 - Gris/Bleus : Saison 2

26/10/21 - Emplois et compétences : toujours moins

25/10/21 - Transformation immobilière : le jeu des chaises musicales

22/10/21 - SUD assigne Renault en justice pour travail dissimulé à Guyancourt et Aubevoye

4/10/21 - Un salarié du Technocentre gravement malade menacé d’externalisation

1/10/21 - Flexibilité et baisse de salaire au menu de la 2ème réunion compétitivité 2022/2024

1/10/21 - Rupture Conventionnelle Collective : un plan social déguisé

16/09/21 - Télétravail, bureaux partagés, compétitivité… : c’est la rentrée !

15/09/21 - Réorganisation DEA-V, DEA-P et DEA-S

17/08/21 - Qui veut gagner un million ?

2/08/21 - CSE du jeudi 22/07/2021

12/07/21 - Notre raison d’être

22/06/21 - Renault condamné pour défaut de plan de prévention

15/06/21 - Ingénierie-Tertiaire : tes emplois foutent le camp

14/06/21 - Des erreurs en cascade sur les fiches de paie

8/06/21 - CSE du 7 juin sur l’externalisation de la maintenance opérationnelle

2/06/21 - Rien de tel qu’une techno-manif pour se faire entendre

27/05/21 - Rassemblement des salariés de l’Ingénierie au Technocentre mardi 1er juin

27/05/21 - Extension du mode Agile à la DEA-L : attention danger !

24/05/21 - Externalisation de la maintenance des moyens d’essais : une expertise à charge

19/05/21 - Externalisation : après la maintenance des moyens d’essais, l’exploitation

11/05/21 - Mobilisation jeudi 20 mai dans l’Ingénierie Renault

10/05/21 - Renault : les syndicats dénoncent des « départs contraints » déguisés

4/05/21 - Suivi de la Rupture Conventionnelle Collective : peu de volontaires pour perdre leur emploi

4/05/21 - La Santé au Travail mise à mal par le Covid19 et la « Renaulution »

4/05/21 - Extension de la traçabilité des véhicules d’essais aux vagues PT1, PT2, et PP

6/04/21 - Appel intersyndical : Tous à Boulogne le 8 avril

30/03/21 - Mobilisation en hausse à l’Ingénierie/Tertiaire

29/03/21 - Déclaration SUD sur la Stratégie de la DEA-T

29/03/21 - Déclaration CSSCT sur l’externalisation de la maintenance des moyens d’essais

25/03/21 - Non au démantèlement de l’Ingénierie Renault

25/03/21 - Consultation sur la politique sociale, les conditions de travail, l’emploi et la formation

18/03/21 - Succès des débrayages à Aubevoye et à Lardy contre les externalisations

16/03/21 - Non aux externalisations à l’Ingénierie

10/03/21 - Décès de notre camarade Yves Chervin

9/03/21 - Quelques réponses sur la pose des congés

8/03/21 - Renault veut vendre son Technocentre

8/03/21 - Les congés qui font déborder le vase

8/03/21 - Une égalité réelle plutôt que des fleurs

23/02/21 - Nous ne sommes pas une variable d’ajustement

22/02/21 - Hold-up sur nos congés

16/02/21 - Dans le moule comportemental de Renaulution

9/02/21 - Prime de performance 2021

1/02/21 - APLD : déclaration SUD au CSE du 1er février 2021

1/02/21 - Quand Renault fait payer la crise aux salariés

30/11/20 - Les suppressions d’emplois, ça suffit !

23/11/20 - Vestalia : les grévistes passent à la caisse


Acquis sociaux : les grandes manœuvres

Publié le 5 avril 2023 à 14h58 - Mis à jour le 19 avril 2023 à 15h38

Version imprimable de cet article

Nouvelle convention collective, dénonciation des accords d’entreprise : c’est tout le système des droits des salariés Renault qui sera mis à plat en 2024. Les grandes manœuvres ont débuté. Gare aux dégâts !


L’application en 2024 de la nouvelle Convention Collective Nationale de la Métallurgie va avoir des effets particulièrement néfastes. Les coefficients qui régissaient depuis des décennies l’évolution des carrières professionnelles vont disparaitre. Cette nouvelle Convention remet en cause la reconnaissance des diplômes, ainsi que les statuts et les qualifications actuels.

La direction de Renault a profité de cette nouvelle Convention pour dénoncer les accords d’entreprise concernant les classifications (APR [1] et ETAM [2], filière 611, promotions Cadre, formateurs internes...), le système de rémunération des APR et des ETAM (dont les accords ETAM débutants, ETAM 400 ou ETAM au Forfait) ou encore la gestion des emplois, des rémunérations et des congés pendant les périodes de chômage partiel. Les syndicats CFDT, CFE-CGC et FO de la Métallurgie signataires de cette nouvelle Convention ont également signé au niveau de l’entreprise Renault un accord de méthode avalisant la fin de ces accords et définissant un cadre de négociation d’un « socle social » censé les remplacer.

Un nouveau système de classification doit donc voir le jour en janvier 2024. Mais de nombreuses autres dispositions vont aussi être revues :

  • Ancienneté : calcul de l’ancienneté, primes d’ancienneté, majoration des allocations été et fin d’année...
  • Congés : congés spéciaux (mariage, naissance, décès), congés supplémentaires d’ancienneté ETAM et Cadres...
  • Dispositions relatives à la famille : prêt, mariage, maternité (congé, allaitement, prime maternité), congé parental, franchise, congé enfant malade…
  • Fin de carrière et départ en retraite, etc.

C’est une attaque sans précédent. SUD se battra évidemment pour conserver les droits acquis et en gagner de nouveaux. Nous aurons besoin du soutien et de la mobilisation de toutes et tous.

L’accord d’entreprise « Re-Nouveau France 2025 », signé également par la CFE-CGC, la CFDT et FO, a aussi entrainé des changements notables sur la paie :

  • Les 20 mn de pause quotidienne ne sont plus intégrées au salaire, ce qui entraine une baisse de 4,5 % des grilles de salaire. Une compensation « Garantie pause » est apparue sur la feuille de paie. Sauf qu’elle n’est pas intégrée dans le salaire de base et n’est donc pas soumise aux AGS [3], ni aux AI [4]. Quant aux nouveaux embauchés, ils ne bénéficient pas de cette compensation et sont donc moins bien payés.
  • La rémunération des heures supplémentaires (HS) a été réduite. Elles sont toutes payées maintenant à 125% (alors que celles au-delà de la 8ème heure supplémentaire étaient payées à 150%) et décomptées au mois au lieu de la semaine. Ainsi, des HS effectuées en début de mois pourront être neutralisées en cas de prise de congés en cours de mois.



Le temps de travail est aussi passé de 1603 à 1607h par an. Sans oublier la casse de l’emploi avec 1700 suppressions d’emplois dans l’Ingénierie/Tertiaire de 2022 à 2024 dont on peut voir aujourd’hui les conséquences néfastes sur les salariés toujours en emploi.

Une déstructuration de la rémunération

Mercredi 8 mars 2023, la direction a convoqué les organisations syndicales centrales à un groupe de réflexion paritaire, une mise en bouche avant les négociations sur la « structure de la rémunération » des 17 mars et 20 avril. La direction de Renault justifie sa refonte de la « structure de la rémunération » par une volonté de rendre moins complexe la lecture du bulletin de paie. Nous ne sommes pas dupes : ce sera l’occasion de revoir à la baisse nombre de droits acquis.

La Direction de Renault a dénoncé des dizaines d’accords qui régissent actuellement les droits des salariés Renault, et notamment les primes : primes diverses, allocations APR/ETAM, congés spéciaux (parental, ancienneté, enfant malade...), prêts, mariage, maternité, fin de carrière, départ en retraite.... Des négociations se sont ouvertes pour les renégocier. Durant celles-ci, les anciens accords continueront cependant de s’appliquer.

Il existe aujourd’hui plus de 100 primes collectives et individuelles : primes liées à la fonction, primes liées aux conditions de travail, primes liées à l’organisation du travail, primes liées à la performance, indemnités compensatrices, primes exceptionnelles... Pour la direction, c’est trop compliqué. Place à la simplification. Par contre, il n’est pas question de toucher aux primes de performances individuelles, ni de rendre plus transparentes le montant des primes et des actions versées aux hauts cadres et aux dirigeants de l’entreprise (Part Variable Groupe, Actions gratuites...).

Il y a aussi un certain nombre de primes qui devront être modifiés avec l’entrée en vigueur de la Convention Collective Métallurgie, puisqu’elles sont notamment calculées sur des coefficients appelés à disparaitre : prime d’ancienneté, allocations, prime de performance, primes liées aux conditions ou à l’organisation du travail, temps d’habillage et de déshabillage, prime d’encadrement…

L’exemple de la prime d’ancienneté

Aujourd’hui chez Renault, la prime d’ancienneté est calculée de la manière suivante :

  • Valeur du point d’ancienneté X coefficient de prime X nombre d’années « premier contrat », selon les modalités ci-dessous :
    • de 3 à 15 ans : multiplicateur égal au nombre d’années révolues
    • 16 à 17 ans : multiplicateur = 15
    • 18 à 19 ans : multiplicateur = 16
    • 20 à 24 ans : multiplicateur = 17
    • 25 ans et + : multiplicateur = 18



Dans la nouvelle Convention, les coefficients sont remplacés par des classes d’emploi (de 1 à 18, voir plus bas). Le calcul est le suivant :

  • Valeur de point du territoire X Taux par classe d’emploi X Nombre d’années d’ancienneté
    • De 3 à 15 ans : multiplicateur égal au nombre d’années révolues (plafond à 15 ans)



Pour le moment, la « valeur du point du territoire » n’est pas encore connue. Elle doit être négociée dans chaque région. Mais on voit déjà que le coefficient du nombre d’ancienneté maximum va passer de 18 à 15. Pour tous ceux qui demain dépasseront les 15 ans d’ancienneté, ce sera donc une perte.

A la mise en place de ce nouveau calcul en janvier 2024, les salariés qui avaient déjà une prime d’ancienneté ne vont pas perdre d’argent car une ligne « indemnité compensatoire prime ancienneté » va apparaitre sur leur feuille de paie pour compenser la baisse de la prime d’ancienneté. En cas de progression dans une classe d’emploi supérieure, la prime d’ancienneté « nouvelle formule » doit normalement augmenter. Mais cela n’aura pas d’incidence sur la prime globale (prime d’ancienneté « nouvelle formule » + prime compensatoire). Tant que le montant total ne dépassera pas la prime d’ancienneté « ancienne formule », la prime compensatoire baissera d’autant. Cela conduira à un blocage de la prime d’ancienneté globale.

En cas de passage à une classe d’emploi inférieure, la prime d’ancienneté « nouvelle formule » baissera, ce qui était impossible jusqu’à présent, car il n’est pas prévu de hausse de la prime compensatoire.

Avoir la cote ou pas

Aujourd’hui, il y a :

  • des statuts : Ouvriers, Employés, Techniciens, Ingénieurs et Cadres
  • des positions, des niveaux et des coefficients :
    • Pour les ingénieurs et cadres : positions I, II, IIIA, IIIB, IIIC avec des coefficients de 60 à 240
    • Pour les APR et les ETAM : des niveaux I à V avec des coefficients de 160 à 400
  • Une reconnaissance des diplômes avec des niveaux de salaire correspondant

Tout cela va disparaitre avec la nouvelle Convention collective. Au 1er janvier 2024, statuts et coefficients doivent être remplacés par des classes d’emplois de 1 à 18. Cette grille est séparée en 2 groupes : d’un côté le statut cadre dans les classes de 11 à 18, de l’autre le reste des salariés regroupés dans les classes 1 à 10. Les catégories ouvrier, employé et technicien disparaissent. En face de chaque classe, un niveau minimum de salaire sera associé (voir notre article sur la Nouvelle Convention Collective de la Métallurgie).

Ce ne sont plus les diplômes, les compétences et l’expérience des salariés qui déterminent leur position et leur salaire. Ce sont les postes de travail. Une différence de taille. La classification sera attachée au poste et non plus à la personne.

  • Si vous ne changez pas de poste, vous n’aurez pas d’évolution de classification. Il n’y aura plus de valorisation automatique de l’expérience acquise dans le poste.
  • A chaque changement de poste, le salarié se verra attribuer la classification du poste en question, à la hausse ou... à la baisse.
  • Ainsi, si le nouveau poste de travail a une cotation inférieure, le salarié sera déclassé (il pourra passer de la classe 9 à 8 par exemple). La nouvelle convention collective laisse même la possibilité à l’employeur, pour des raisons économiques, de baisser le salaire. Cela ne sera possible que si le salarié accepte de signer un avenant à son contrat de travail. En cas de refus, l’entreprise pourra le licencier si le changement de poste intervient dans le cadre d’un motif économique.
  • Pour les Ingénieurs et cadres, il n’y a plus d’évolution automatique de la qualification comme c’est le cas aujourd’hui pour les positions I et II (voir notre article Classification des Ingénieurs et Cadres de la Métallurgie). Le statut Cadre pourrait même être remis en cause si un ingénieur est placé sur un poste inférieur à la classe 11.

Ainsi, le niveau de rémunération et les évolutions de carrière ne sont plus garantis. Ils dépendront étroitement du poste. Il suffit d’imaginer un salarié changeant de secteur et devant se former sur une nouveau poste moins bien « classé » et devant acquérir une nouvelle expérience : son salaire risque d’être bloqué pendant des années. Une situation qui pourrait se produire pour bon nombre de salariés en pleine période de mutation technologique.

Lors de la mise en place de la nouvelle grille, la rémunération ne devrait pas baisser (salaire du poste + primes compensatoires). Mais qu’adviendra-t-il après ? En effet, dès la seconde évaluation du poste ou en cas de changement de poste, la nouvelle convention collective ne garantit pas le maintien du salaire. Celui-ci pourra diminuer si le salarié accepte de signer un avenant à son contrat de travail. De tels scénarios peuvent survenir avec cette nouvelle Convention. Est-ce que la direction Renault les appliquera ? Rien n’est sûr, mais tout sera possible.

La cotation des postes a déjà commencé chez Renault. La Direction a mis en place des soi-disant critères « objectifs » pour coter chaque poste. Des discussions sont engagées avec les organisations syndicales. Mais c’est la direction au final qui cote les postes, la fiche d’emploi est à sa seule main. Cela va lui permettre de définir à sa guise le contenu de la nouvelle fiche de poste, la cotation de l’emploi, la détermination de la classification et au final le salaire.

Les négociations sur les cotations des postes vont s’étaler sur toute l’année 2023. La Direction se veut rassurante : il n’y aurait pas de perdants. Mais les premières cotations de postes ne vont clairement pas dans le bon sens. Par exemple, la fonction de Pilote GSFA [5] a été cotée à 45 points soit la position 13, Un poste souvent considéré comme équivalent « chef de service » avec un minimum équivalent au salaire de certains cadres en début de carrière. Pour la fonction PFE [6], la cotation finale a été de 33 ou 34 points (position 10 voire 9). Aujourd’hui ce poste est souvent tenu par des cadres, demain ce poste serait coté sous le statut cadre. Là aussi cette cotation est sous-évaluée.

La nouvelle Convention remet en cause le système actuel des Classifications et des Qualifications en fonction notamment des diplômes acquis :

  • Article 61.2 : « la détention d’un diplôme ne génère pas de droit à l’attribution du degré d’exigence correspondant lors de l’évaluation du critère de connaissances [7] ».
    La nouvelle convention ne valorise les diplômes qu’à « titre indicatif ». Lors de la proposition d’un contrat de travail, seuls les diplômes bac +2 et bac +5 seraient reconnus s’ils sont explicitement demandés dans les offres d’emploi.

Cette nouvelle Convention donne à la Direction des moyens supplémentaires pour freiner les évolutions de carrière, ne pas reconnaitre les compétences, l’expérience et maintenir les salaires au plus bas.

Lors de la première réunion sur la « structure de la rémunération », la Direction a pourtant déclaré qu’elle n’avait aucun objectif de baisse de la masse salariale ou des rémunérations individuelles, qu’aucun salarié ne devrait avoir d’impact sur sa rémunération totale, et qu’il n’y aurait aucun écart de rémunération pour les nouveaux embauchés. Comment croire ces déclarations d’intention vu les premières cotations de postes ou l’exclusion des 20 mn de pause qui font que les nouveaux embauchés n’ont pas le même salaire que les anciens ?!

Si la Direction tente de faire reculer nos droits ou de baisser nos salaires, il sera nécessaire de se mobiliser et de créer un véritable rapport de forces. A suivre...


 

Notes

[1APR : Agents de Production et Professionnels Renault

[2ETAM : Employés, Techniciens et Agents de Maitrise

[3AGS : Augmentation Générale de Salaire

[4AI : Augmentation Individuelle

[5GFSA : Groupe Stratégie Fonction Amont

[6PFE : Pilote Fonction Élémentaire

[7« Connaissances : savoirs et savoir-faire requis dans l’emploi, acquis par la formation initiale/continue ou l’expérience »


 


Une réaction, un commentaire ?


sudrenault.org - SUD Renault 2016 - Tous droits réservés pour les textes et les images - plan du site